Lavilliers, Bernard
Bernard Oulion n'est plus tout jeune, vu qu'il est né en 1946. C'est un vrai prolo, ce qui est quand même rare dans le monde de l'art.
Ado, j'ai détesté ce gars, avec ses gros biscotaux, qui était surtout apprécié par mes potes babas (tu vois, kôa... le brâââzillll c'est trop koooooool kôa). Donc, totalement infréquentable pour un amateur de classique contemporain et de punk (j'étais un vrai esthète insupportable).
À l'époque, donc, jamais je n'aurais imaginé le voir en concert.
L'âge venant, on s'adoucit, et je me suis rendu compte qu'il y avait une certaine qualité dans sa musique et ses textes (notamment son engagement politique), et je me suis dit que ça valait la peine d'aller le voir avant qu'il ne cesse de se produire ou ne calanche carrément, vu son âge et son amour (réel ou prétendu) des psychotropes légaux ou non.
Alors voilà:
Déjà, journée de m... à rechercher les billets que j'étais sûr d'avoir laissé sur le frigo sous un aimant. L'aimant est là mais pas les billets.
Après avoir accusé tout le monde y compris le chat, retourné trois fois tout l'appartement et jeté trois sacs Migros pleins de vieux papiers, rien à faire. J'y ai passé plus de trois heures. Toutes les mauvaises choses vont par trois, en commençant par la sainte trinité. Finalement, sur le site sur lequel j'ai acheté les billets (pas de pub, d'ailleurs il est assez mal foutu), j'ai pu me "logger" dans mon espace client comme on dit maintenant, et imprimer les données.
Et nous voilà en avance d'une heure (pas une mauvaise idée, il y a déjà plein de monde), et un très gentil monsieur d'un âge certain nous fait des duplicatas des billets. Merci de tout coeur à cet anonyme, il a ensoleillé notre journée passablement grisâtre jusqu'ici.
C'était étrange, c'était au Kempinsky (ex Noga-Hilton), on a un peu l'impression d'être dans une salle d'attente d'embarquement à l'aéroport. La salle comprend un millier de places, tout est rouge, c'est assez moche et inconfortable au possible. Beaucoup de têtes grises, public bigarré assez marrant, plutôt lower-class, ça fait bizarre dans cette salle qui se veut chic. Avec Fab, on se sent jeune, c'est pas souvent le cas dans des concerts rock.
La scène est très occupée - BL s'entoure d'une foule de musiciens qui passent d'un instrument à l'autre, avec brio. Excellents les gars. Et, contrairement à mon attente, Lavilliers ne fait pas la star et congratule à de nombreuses reprises ses musicos.
Démarrage difficile. La voix n'est pas ferme, les musiciens semblent chacun dans leur coin. Je me dis bof!, tout ça c'est du bluff. L'homme est fatigué, il devrait penser à sa retraite. Et après deux morceaux un peu difficiles, le miracle commence. La salle se réchauffe, la voix de BL aussi, il se met à bouger, les musiciens collaborent activement entre eux et avec le chanteur. Au point qu'à la fin, tout le monde est debout, applaudissements frénétiques, quatre série de bis.
Et on sort tous avec un sourire banane d'un concert magnifique.
Quelques pointes à l'intention des Helvètes et des récents résultats de votation, d'hommes politiques français passés et présents, mais pas trop, Lavilliers se rappelle qu'il est là comme musicien et pas comme one-man show. Il jette une belle pique aux DJ qu'il ne considère pas comme des musiciens, je partage son . de vue.
Chapeau, l'artiste. Tu m'as convaincu, tu sais forger l'acier rouge. Avec tes mains d'or.