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Robin Cook, On ne Meurt que Deux Fois (Il est Mort les Yeux Ouverts)

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Le cadavre d'un homme sévèrement battu est retrouvé dans la banlieue de Londres. Personne d'important, juste un vieil alcoolique que personne ne regrettera. L'enquête est confiée à un sergent de la section A14. Flic célibataire opérant en solitaire, l'homme développe une certaine empathie envers les victimes qui lui sont confiées et cherche coûte que coûte à leur faire rendre justice. C'est ainsi qu'il s'attache au cas de Charles Locksley Alwyn Staniland, se plongeant dans sa vie, ses affaires, ses papiers, et cherchant l'explication de sa mort... Un roman noir et sombre, à l'extrême, d'un grand pessimisme.

On le trouva dans les taillis devant la maison de la Parole de Dieu à Albatros Road, Ouest 5. C'était le soir du 30 mars, à l'heure de pointe, et il faisait bougrement froid. En revenant chez lui, un employé de bureau avait été stoppé net lorsqu'il avait trébuché sur le corps. Je ne sais pas si vous connaissez l'endroit où Albatros Road donne dans Hangars Lane, mais si c'est le cas, vous n'ignorez pas à quel point le quartier est hideux et désolé, la station de métro au ras de la chaussée d'un côté, des bâtiments sans fenêtres, au murs suintant d'humidité de l'autre. Ce soir-là, il y avait encore une grève perlée de l'Aslef, et même quand j'arrivai à sept heures, des gens étaient toujours là, à faire la queue pour descendre l'escalier jusqu'aux rames, qui se faisaient rares (...)

Déjà: ne pas confondre Robin Cook, auteur britannique de polars subtils, et Robin Cook, mauvais auteur de thrillers se déroulant en milieu hospitalier. J'avais un peu oublié ce gars et pas trop aimé le dernier que j'ai lu, Les Mois d'Avril Sont Meurtriers. Grave erreur.

On ne Meurt que Deux Fois, c'est du tout grand polar: les fils narratifs s'entrecroisent, le personnage principal se fond dans la peau du mort et l'auteur nous accompagne inexorablement dans un monde dont la noirceur fonce avec les pages. Du vrai noir. Et en plus, Cook semble politisé du bon côté des barricades tout en restant caustiquement ironique.

Faut dire qu'avec sa gueule....

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Voir sa bio qui est assez détonnante; un film a été réalisé par Jacques Deray en 1985 et les noms du flic et de l'assassiné y ont été intervertis... Délibérée ou non, cette décision illustre bien le bouquin.

J’évitai de flanquer un coup de coude à travers un tableau qui représentait un officier à l’air courroucé et portant un colback, mais heurtai une armure qui se recroquevilla sur elle-même avec un bruit de fer rouillé. (43)

Il était communiste par acte de foi, comme un cathare. Il adhérait à la doctrine orthodoxe, comme les communistes le faisaient avant qu’ils ne l’emportent et que tout ne se gâte. Mais il parlait rarement de politique ; il y avait tant d’autres sujets à aborder. Lui et moi restions debout au bar et nous buvions de la bière et nous parlions de ces sujets. Mais peu de gens lui parlaient. Cela lui convenait. La plupart des gens n’en prenaient pas la peine, parce qu’il était sourd comme un pot et pouvait seulement lire sur les lèvres. Il était sourd parce qu’il avait combattu pour la République avec la XIIe Brigade durant la Guerre d’Espagne. Il avait combattu à Madrid (Bâtiments de l’Université), à Huesca et à Teruel avec le contingent britannique. Mais à Teruel, il avait eu les deux tympans percés lorsqu’un obus avait explosé trop près de lui. (180)

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  • Dernière modification : 2023/12/18 08:23
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