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Gloucester time - Matériau Shakespeare - Richard III

© Clémence Lesné

Marcial Di Fonzo Bo fait renaître Richard III de ses cendres. 27 ans après sa création à Genève, la mise en scène phénoménale de Matthias Langhoff n’a pas pris une ride. L’événement est aussi exceptionnel que l’occasion est belle de remettre le monstre sacré dans l’arène. Marcial Di Fonzo Bo y tient toujours le rôle-titre, entouré d’une distribution renouvelée. Au lendemain de la guerre des Deux-Roses qui a opposé les familles d’York et de Lancastre, l’Angleterre connaît un moment d’accalmie sous le règne d’Édouard IV. Son frère Richard, dont la laideur physique n’a d’égale que la cruauté, se lance à la conquête du pouvoir, massacrant tous ceux qui entravent son accession au trône.

Plus d'un quart de siècle après, on revoit une pièce qu'on avait adoré à l'époque de notre folle djeunesse.

Di Fonzo Bo toujours aussi grandiose dans sa punkitude déjantée, alternant finesse et grossiereté - ce comédien a vraiment un jeu d'une grande originalité.

Un grand moment de théâtre, sans moults effets spéciaux, musique1) ou chorégraphie2), nous rappelant que le théâtre est d'abord une scène, plus proche du cirque que du cinéma, a fortiori du jeu vidéo.

Un très beau fonctionnement de groupe, que ce soit dans les grandes scènes ou des scènes plus intimes - le meurtre de Clarence, tragi-comique, ou le duo Richard III / Marguerite, une réussite dans le genre allié à la performance du monstre Di Fonzo Bo (ah, le monologue final… entre retenue et tsunami, on a vu pire).

Bref: un très beau moment de théâtre, merci. Et vive le retour aux sources.

Y'a encore ce soir et demain, s'il reste des places.

Et si vous voulez en savoir plus, voici un entretien avec Marcial Di Fonzo Bo qui revient sur cette aventure.

Si j’ai tué la race issue de vos entrailles, — je veux, pour ranimer votre postérité, — engendrer de votre fille une famille de votre sang. — Le nom de grand’mère n’est guère moindre en amour — que le titre passionné de mère. — Ce seront toujours vos enfants, à un degré au-dessous. — Ils seront de votre humeur, de votre sang même ; — nés des mêmes douleurs, sauf une nuit de gémissements — endurée par celle pour qui vous avez souffert la pareille. — Vos enfants ont été le tourment de votre jeunesse ; — les miens seront la consolation de vos vieux jours. — Qu’avez-vous perdu ? un fils qui était roi. — Eh bien, cette perte fait votre fille reine.

Richard III, scène XVIII

Résumé fre(u)dien: après avoir fait assassiner ses deux fils, le roi usurpateur Richard propose à l'ex-reine Elisabeth de convaincre sa fille survivante de l'épouser afin d'en faire une reine - et, par là-même, faire d'Elisabeth la mère d'une reine et la grand-mère d'un·e futur·e monarque.



1)
allez, y'en a quand même, je m'en serai bien passé mais elle sait rester discrète
2)
sinon de très belles scènes de bagarre
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  • Dernière modification : 2023/12/27 06:04
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