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Morten A. Strøksnes, Le livre de la mer

Un soir, Hugo et son ami prennent une grande décision : ils vont capturer un requin du Groenland, qui peut mesurer jusqu'à huit mètres, et vivre plus de deux cents ans. Au fil de trois séjours sur l'île de Skrova, dans le nord de la Norvège, où le narrateur rend visite à son ami peintre et pêcheur, le défi des deux hommes se mue en une quête quasi mystique : capturer ce requin, c'est d'abord approcher un spécimen d'une force hors du commun. C'est repousser ses limites physiques et prendre des risques réels, sur un canot pneumatique, en utilisant un hameçon au bout d'une ligne. C'est tenter de combattre les éléments qui se déchaînent lors d'une tempête, enrager lorsque lasortie en mer est rendue impossible par un moteur défaillant, supporter la frustration de ne jamais voir arriver l'animal au moment où l'on est prêt. Cette chronique de l'attente d'une pêche miraculeuse est aussi celle de l'amitié entre deux hommes envoûtés par la mer qui abrite tant de mystères et d'habitants à la fois fascinants et effrayants. En faisant coexister une étonnante érudition scientifique et un sens de l'humour renouvelé par l'absurdité de la situation, Morten A. Strøksnes livre ici une sorte de journal de voyage animé par un véritable suspense. Dans le sillage d'Herman Melville et de Jules Verne, quelque part entre le récit fantastique, les légendes nordiques, l'étude biologique et la rêverie, le livre de la mer nous invite à un périple singulier auprès de ces marins téméraires et un peu fous.

L’eau est noire, les vagues sont écumeuses et blanches. Le vent fouette la crête des vagues et des gouttelettes filent vers la terre comme une pluie sans poids. Quand les vagues s’abattent sur les rochers et les falaises, elles se brisent et forment des embruns. Les molécules d’eau dansent sur les océans, elles se dissolvent, s’évaporent, se refroidissent et se combinent à nouveau. Celles que je reçois à l’instant en pleine figure sont passées maintes fois par le golfe du Mexique, le golfe de Gascogne, par le détroit de Béring, par le cap de Bonne-Espérance, oui, au fil du temps, elles sont passées par toutes les mers et tous les océans. En tant que pluie, elles sont tombées sur la terre, elles ont été bues des milliers de fois par des animaux, des gens et des plantes, pour s’évaporer ou couler jusqu’à la mer. Au cours de milliards d’années, ces molécules d’eau ont été partout sur terre.

J'ai adoré ce bouquin, malgré qu'il finisse en queue de poisson. Et découvrir que Stevenson est devenu écrivain après avoir quitté la profession familiale - la construction de phares - était aussi assez éblouissant.


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  • Dernière modification : 2023/12/27 06:04
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