Yuval Noah Harari, 21 leçons pour le XXIe siècle
Résumé
Après Sapiens qui explorait le passé de notre humanité et Homo Deus la piste d'un avenir gouverné par l'intelligence artificielle, 21 leçons pour le XXIe siècle nous confronte aux grands défis contemporains. Pourquoi la démocratie libérale est-elle en crise ? Sommes-nous à l'aube d'une nouvelle guerre mondiale ? Que faire devant l'épidémie de “fake news” ? Quelle civilisation domine le monde : l'Occident, la Chine ou l'Islam ? Que pouvons-nous faire face au terrorisme ? Que devons-nous enseigner à nos enfants ? Avec l'intelligence, la perspicacité et la clarté qui ont fait le succès planétaire de ses deux précédents livres, Yuval Noah Harari décrypte le XXIe siècle sous tous ses aspects - politique, social, technologique, environnemental, religieux, existentiel… Un siècle de mutations dont nous sommes les acteurs et auquel, si nous le voulons réellement, nous pouvons encore redonner sens par notre engagement. Car si le futur de l'humanité se décide sans nous, nos enfants n'échapperont pas à ses conséquences.
source: payot.ch
lectures Note Fred
Moi, j'aime beaucoup cet historien star comme en témoigne mes autres billets sur d'autres bouquins ou interventions d'Harari, à l'exception peut-être de Homo Deus : Une brève histoire de l'avenir. Peu après cet ouvrage mal fait, Harari revient à la charge avec un ouvrage nettement mieux ficelé, qui a beau dater un peu1), il n'en traite pas moins avec une grande intelligence de sujets-clé de notre actualité: religion, nationalisme, fascisme, vérité, médias sociaux, intelligence artificielle, transhumanisme, terrorisme…
Bref: 21 thèmes fondamentaux.
Et le bouffeur de curé et internationaliste que je suis a évidemment adoré son anti-cléricalisme mordant, ainsi que son cosmopolitisme anti-nationaliste.
Harari avance en marxiste masqué, préférant toujours la réalité historique rationnelle aux grand récits mythiques (même si ces derniers représentent, pour lui, la base de l'humanité, l'axiome sur lequel il construit sa Weltanschauung) et convainct évidemment (en tout cas en ce qui me concerne) par la simplicité et la pertinence de sa critique, qui n'épargne personne, aucun nation, religion… et pas même sa propre personne! Enfin, je trouve assez courageux ses propos lorsque l'on pense qu'il vit en Israël et doit constituer une cible privilégie pour tous les barbus de la planète.
“Une chasseuse-cueilleuse primitive savait fort bien d’où venait son repas (elle le trouvait elle-même), qui faisait ses mocassins (il couchait à vingt mètres d’elle) et ce que faisait sa caisse de retraite (il jouait dans la boue : en ce temps-là, on ne connaissait qu’un seul fonds de pension qu’on appelait les enfants). Je suis beaucoup plus ignorant que les chasseurs-cueilleurs.”
Il donne aussi une excellente définition du fascisme2):
“La plus grande confusion règne ces derniers temps autour du sens exact du mot « fascisme ». D’aucuns traitent de « fascistes » tous ceux qu’ils n’aiment pas. Le vocable risque de dégénérer en une injure fourre-tout. Que signifie-t-il vraiment ? Brièvement, alors que le nationalisme m’apprend que ma nation est unique et que j’ai des obligations particulières envers elle, le fascisme me dit que ma nation est suprême et que j’ai envers elle des obligations exclusives. Quelles que soient les circonstances, je ne dois jamais faire passer les intérêts d’un groupe ou d’un individu avant ceux de ma nation.”
Enfin, il déconstruit des mythes important du XXe siècle (le “Moi” et la “Liberté”) de manière convaincante, pour nous amener à nous interroger sur la réalité plutôt que sur la métaphysique:
“Chaque fois que des politiciens se mettent à parler en termes mystiques, prenez garde ! Ils pourraient bien essayer de déguiser ou d’excuser de vraies souffrances en les enrobant de grands mots incompréhensibles. Les quatre mots suivants requièrent une vigilance particulière : sacrifice, éternité, pureté, rédemption. Entendez-vous l’un d’eux ? Sonnez l’alarme. Vous vivez dans un pays dont le chef tient régulièrement des propos du style, « leur sacrifice rachètera la pureté de notre nation éternelle » ? Vous avez du souci à vous faire, sachez-le. Pour préserver votre santé mentale, essayez toujours de traduire ces foutaises en termes réels : les cris d’agonie d’un soldat, une femme battue et brutalisée, un enfant qui tremble de peur.”
Que faire?
L'auteur conclut avec 3 recommandations, plutôt simples:
- Acheter votre source d'information: “Premièrement, si vous voulez une information fiable, payez-la. Si vous tenez à la gratuité, vous pourriez bien en devenir le produit.”
- Vous informer sérieusement: “Deuxièmement, si un problème vous semble être d’une importance exceptionnelle, faites l’effort de lire les publications scientifiques concernées.”
Et la troisième recommandation?
Tout simple: deux heures de méditation par jour…