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Alex Mahoudeau, La Panique woke

La mécanique d’une chasse aux sorcières Encore inconnu il y a peu en France, le terme de « woke » a récemment envahi les réseaux sociaux et les journaux. Né des luttes antiracistes des Afro-Américains dans les années 1950, il revêt alors un sens positif : celui d’être « éveillé », conscient politiquement. Mais il est aujourd’hui utilisé péjorativement pour attaquer toute forme d’engagement contre les discriminations. Pour ses détracteurs, la prétendue « idéologie woke » serait un nouvel avatar du « politiquement correct » ou de la « cancel culture » et infiltrerait les centres de pouvoir, des médias aux grandes entreprises, encourageant une déconstruction du monde par la bouche d’une génération radicalisée. Ainsi va la « panique woke ». Et si cette panique cachait simplement une forme, classique mais violente, de réaction ? C’est cette offensive réactionnaire et sa mécanique idéologique qui sont ici décortiquées par Alex Mahoudeau, mieux connu sur les réseaux sociaux à travers le pseudonyme de « Pandov Strochnis »

En janvier 2021, l’université de Leicester, au Royaume-Uni, annonçait ouvrir une consultation concernant un potentiel plan social : celui-ci accompagnait la restructuration d’une partie de ses départements, mettant en cause jusqu’à 145 emplois et fermant plusieurs formations. Parmi celles-ci se trouvaient la licence et le master de littérature anglaise, qui intègrent l’étude des travaux du poète médiéval Geoffrey Chaucer, dont les Contes de Canterbury comptent parmi les œuvres classiques de la littérature médiévale en langue anglaise. À leur place, l’administration évoquait la création de cursus « excitants et innovateurs », portant sur des sujets liés à la race, la sexualité ou encore l’ethnicité, une déclaration du management de l’université annonçant que ces efforts s’inscrivaient dans les plans de l’université visant à « décoloniser » ses cursus. Rapidement, ce prétexte était néanmoins abandonné au profit d’un autre, plus banal : l’université de Leicester ambitionnant, dans un contexte de mise en concurrence de l’enseignement supérieur, d’être « compétitive sur le plan mondial », il convenait de se séparer des formations les moins « attractives » pour répondre à la « demande » du public qu’elle ciblait.

Pas mal du tout cet essai, qui remet bien en place les réalités (attaque socio-économique de la droite sur la société et les milieux académiques) face aux billevesées (le grand complot woke) t nous rappelle qu'il s'agit d'une lutte hégémonique de longue date.

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  • Dernière modification : 2023/09/24 17:02
  • de radeff