billets:2014:les_decisions_absurdes_ii

Christian Morel: Les Décisions absurdes II. Comment les éviter, Gallimard, Folio 2012

decisions_absurdes.jpg

Dix ans après Les Décisions absurdes, Christian Morel reprend son enquête où il l'avait laissée et se penche sur l'émergence, dans des univers à haut risque, de dynamiques visant à favoriser la décision éclairée. Renouant avec une marque de fabrique qui a fait ses preuves, il met à contribution des cas d'école saisissants, allant des cockpits des avions aux sous-marins nucléaires, en passant par les randonnées hivernales en haute montagne. Pour n'en donner que quelques exemples, l'auteur montre que le débat contradictoire a été déterminant pour la fiabilité des réacteurs nucléaires de la Marine américaine, que l'introduction d'une check-list de bloc opératoire a réduit la mortalité chirurgicale dans des proportions considérables ou que l'armée de l'air ne sanctionne plus les erreurs pour faciliter la remontée d'informations. À partir de ces expériences, Christian Morel esquisse ce qu'il appelle des «métarègles de la fiabilité», synthèse de lois sociologiques et de prescriptions cognitives, comme la formation aux facteurs humains, les politiques de non-punition, les processus d'avocat du diable ou l'interaction généralisée. La sociologie des décisions hautement fiables qu'il propose va à l'encontre des idées reçues et s'applique, par sa vision étendue, à toute activité.

Christian Morel. sociologue spécialiste de la gestion de crise, nous donne ici un livre intéressant et parfois surprenant, où l'on apprend notamment que c'est dans les cockpits des appareils de l'armée française (sous-marins et avions) que règne le communisme, basé sur une recommandation de Lawrence d'Arabie, et où on ne punit plus les erreurs afin qu'elles deviennent exemplaires (principe de non-punition).

"Les effets pervers mécaniques ... Les délibérations sont affectées au premier chef par des effets de nombre purement mécaniques: plus le nombre de participants est élevé, plus la délibération devient difficile; au-delà d'une certaine quantité, elle disparaît tout à fait." (169)

"... donner une seconde chance à l'avis contraire ou à l'opinion minoritaire. Une fois le consensus atteint dans le groupe, on laisse passer un peu de temps avant de réexaminer la décision à froid avec le groupe. Ainsi, des objections qui n'auraient pas eu l'occasion de pleinement d'exprimer trouvent une dernière occasion de se faire entendre." (190, principe notamment utilisé dans le droit pénal talmudique)

P. 233, un exemple qui montre que dans la justice aussi, les erreurs procédurales et systémiques sont possibles...

P. 236, mentionne Daniel Kahneman

pp. 343-358: une conclusion qui fait aussi un excellent résumé

Reste plus qu'à appliquer!

  • billets/2014/les_decisions_absurdes_ii.txt
  • Dernière modification : 2023/12/18 08:23
  • de 127.0.0.1