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+++Arthur Upfield, L'os est pointé

Ce n'est pas la première fois que l'inspecteur Napoléon Bonaparte doit arracher au Livre de la Brousse des indices qui lui permettront d'élucider un meurtre. Ce n'est pas la première fois non plus qu'il doit le faire malgré l'opposition acharnée d'une tribu. Mais jamais auparavant, Bony n'avait dû compter avec les rites magiques des aborigènes. Or cette fois, l'os est pointé sur lui, le vouant à une mort certaine, à moins que…

C'est en relisant ce roman à la bibliothèque municipale de Santa Fe que Tony Hillerman fut repris, comme il l'a écrit, par le charme d'Upfield et de son héros dont les aventures lui ont inspiré ses propres polars ethnologiques en pays navajo.

Je crois bien que c'est le tout premier Upfield que j'ai lu, au début des années 90 - il date en fait de… 1938!

Et c'est sans doute le meilleur - en tout cas dans mes relectures actuelles de l'oeuvre de ce grand romancier.

BonyLe retour du broussard

L'os est pointé est très riche du point de vue de la défense des droits du peuple aborigène.

— Dans un salon, un bureau, une rue d’une grande ville, je ressemble à un enfant nerveux […]. Ici, dans un bourg de l’intérieur, je suis un adulte. En pleine brousse, je suis un empereur. La brousse, c’est moi. Je suis la brousse. Nous ne faisons qu’un. […] Il y a des moments où je suis immensément fier d’être le fils d’une femme aborigène, parce qu’à de nombreux égards, c’est l’aborigène qui est l’être humain parvenu à la civilisation la plus développée, et le Blanc qui est le sauvage.

[…]

« Bien longtemps avant de venir s’installer ici, alors qu’il n’était qu’un gamin, il avait assisté au massacre d’un groupe de Noirs près de l’endroit où le Darling se jette dans le Murray. Ils avaient tous été fusillés, d’abord les hommes, puis les femmes et les enfants, jusqu’au plus jeune bébé. Le seul crime que ces Noirs avaient commis, c’était d’élever des objections contre le fait qu’on leur ait arraché leurs terres et la nourriture qu’ils tiraient de ces terres.[…]

« Ils ont bénéficié d’une authentique civilisation pendant des lustres. Avant que les Blancs, les Jaunes et d’autres Noirs ne soient capables de converser, ces aborigènes australiens parlaient intelligemment. Ils pratiquaient le socialisme chrétien des siècles avant la naissance du Christ. Ils ont développé une structure sociale apparemment compliquée, mais en réalité très simple, qui fonctionne presque parfaitement. Ils n’enfantent pas de fous ou de débiles. Ils ignoraient l’obscénité et la maladie avant l’arrivée de l’homme blanc en Australie.

« Et maintenant, voilà que l’ombre de la civilisation les guette, même s’ils l’ignorent encore. La civilisation est venue les abattre, les empoisonner comme des chiens sauvages. Ensuite, dans ses journaux satiriques, elle a dépeint les victimes de sa malédiction sous les traits de faibles d’esprit, pour se donner une excuse, elle les a raillés en les qualifiant de sauvages nus, les a enfermés dans des réserves et des quartiers séparés. Elle leur a retiré leurs produits naturels et les nourrit de boîtes de conserve toxiques bien étiquetées.

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  • Dernière modification : 2023/03/08 07:06
  • de radeff